La Teste de Buch 1er Aout 1456

Citation :: 2 silhouettes encapuchonnées et vêtues de noir arrivèrent au niveau du campement de Lacapricieuse, un endroit assez sommaire ... La première silhouette démolie la tente alors que la deuxième étalait ses effets personnels dans la boue sans oublier ses réserves de nourriture.

La première silhouette écrivit par terre : REPRÉSAILLES, fit fuir le cheval attaché.

Les deux silhouettes disparurent dans la nuit.

Citation :: Une tierce silhouette arriva en cheval... celle-ci était masquée, les cheveux volants au grès du vent...

Devant ce carnage, réellement désabuser de la bêtise humaine, il descendit de son destrier - sa "destrière" plutôt effectivement il montait une jument - Puis portant ses mains sur les hanches soupira...

" Qu'est ce que ces lascars, immonde déchets humains, ont encore fait ? En quoi ces personnes le méritait-il... "

Il déchargea son destrier de diverse victuailles puis avançant prudemment tenta de voir s'il y avait quelqu'un... ne pouvant s'empêcher de fouler du pieds une écriture branlante qu'il n'avait réussi à lire...

Il était prêt à tout attaque des agressés, si ils étaient là...

" Il y a quelqu'un? "

Caprie rentre fort tardivement au campement une fois de plus...

S'approchant d'un pas lourd alors qu'elle vient de desceller son cheval, elle avise une silhoutte inconnue.

La main sur le pommeau de sa dague, elle s'approche a pas feutres, se place derriere ce qui semble etre un homme legerement plus grand qu'elle, l'enserre prestement de son bras gauche en calant la lame de sa dague sur sa gorge bien serree, prete a couper sans aucune hesitation.

" Qu'est-ce que vous faites la vous?
Et qui etes-vous?
Repondez! Vite! Ou je ne donne pas cher de votre vie maraud!!!"

Sentant la glotte de l'homme vibrer sous sa lame, elle avise du regard le fouillis ambiant.
Elle ne peut s'empecher d'eclater de rire.

"c'est toi qu'a fais ca mandrin ?
On t'as paye pour ca j'espere, parce que si c'est pour nous voler, faut changer de vocation !"

"Pauvres fous que vous etes...
Simples d'esprits degeneres, on voit le resultat des mariages consanguins!!"

Caprie reste crispee sur sa lame tranchante a souhait attendant la reponse de l'homme avec impatience, se sentant d'un coup bien reveillee, et les reflexes affutes.

Citation :: A peine des galops se firent entendre qu'une furie descendit de cheval avant de le menacer d'une dague émoussée...

Il soupira...

" Bon, le repas sera pour plus tard "

Il sentit la lame s'approcher un peu plus de sa gorge, mal positionnée, soit elle n'était pas une tueuse née, tout du moins ne plaçait elle pas la dague au bonne endroit...

Au mieux elle l'empêcherait de parler quelque semaines durant...

" Demoiselle, avec tout le respect qui vous est dûe, si vous ne me lâchez pas je serai sous la contrainte de me défendre...

Maintenant si vous laissez vos pulsions meurtrières, fort compréhensible à la vue de votre campement, si ce qui reste ici était bien votre campement, pour une attitude plus sage et posée, je pense être toujours en mesure de vous offrir le repas que je me gardais pour les jours suivant... Si vous m'aidez à cuisiner.

Je ne pense pas que cela soit de ma faute si des brutes épaisses ont fait cela... Et comme vous pouvez le constatez mes bottes sont à peine sales, hors il aurait fallu quelques crasses sur leurs cuirs pour faire tout cela... Vous pouvez aussi prendre en compte les victuailles que je transporte en ce moment précis... "

Il la laissa encore faire ce qu'il voulait de lui, mais si elle ne recouvrait le chemin de la raison : Tant pis pour elle...

Caprie soupire fortement, depitee...

Decidement elle ne passera jamais pour une brute sanguinaire, va falloir se faire une raison...

Elle range sa dague a la ceinture et regarde l'homme et ses victuailles en main:

"Bon alors qu'est-ce qu'on mange ? J'ai faim! "

Elle s'eloigne en lui souriant et continue de blablatter:

"Je vous laisse vous occuper du repas, vous etes pres du feu.
Pendant ce temps je vais jeter tout ce bazar...
Les imbeciles, se donner tant de peine pour si peu, vraiment, je n'aurai plus qu'a tout racheter demain..."

Caprie soupire de facon theatrale, s'attelant a la tache en maugreant.

Detaillant ce qui l'entoure elle remarque que ces couards ont du se depecher, car quoi, il n'ont rien touche de ce qui est important, pas pour deux miches de pain, un bout de viande faisande et un vieux reste de lait quelle histoire!
Elle se dit qu'il devaient tellement avoir peur de leur ombre, qu'ils n'ont pas du etre loin de faire dans leur braies...

La prochaine fois qu'elle aura un invite, elle l'enjoindra a finir son dejeuner, dommage de gacher, encore aurait-il fallu en avoir le temps...

Elle verifie que son materiel de representation se trouve toujours range dans la pinede, sort un ou deux vetements d'une ridicule flaquette de boue, puis entasse le tout, lasse de tout ca, se disant qu'elle verra ca plus tard.

Elle repart en direction du feu et sourit a l'inconnu:

"Au fait, je m'appelle Caprie, voyageuse, enfin quelque fois vandalisee...
Comme vous le voyez je suis tres populaire, les gens m'adorent au premier contact^^
Le soucis c'est qu'ils sont timides et n'osent pas le dire en face...
Tsssssssssss
A l'occasion, vous me direz peut etre votre nom!
Hummmmmm ca sent bon, je meure de faim! "

Elle cesse de bavarder un instant et s'asseoit pres de l'homme n'attendant que de combler son appetit insatiable.

Elle se dit qu'elle a quand meme bien de la chance de conserver une ligne de reve avec tout ce qu'elle mange, la mechancete ca creuse!

Citation :: Il sourit... Bizarre la petite... bizarre mais sympa...

Au moins il allait pouvoir manger en charmante compagnie, tout du moins une compagnie d'un physique charmeur, aller savoir pour le reste...

Il fit rapidement un feu avec des brindilles sèches qu'il sortit d'une sacoche, du silex et un peu d'amadou... Faire prendre feu à du bois humide était par contre un peu plus délicat...

Ci-tôt fait il alla chercher une petite marmite sur le dos de sa belle tandis que la Demoiselle inspectait son camp... Usant des restes d'une gourde il mit de l'eau à chauffer et commença à éplucher des légumes.

" Vous avez effectivement l'air d'être très appréciée icelieu"

Il tenta un sourire, chose mal-aisé avec un masque...

" Quand à mon prénom, quelle importance ? Ce ne sont que des paroles lancées dans le vent. La chose réellement importante est ce qui se trouve au fond de vous... Qu'importe la façon dont l'on vous appelle. Appelez moi comme bon vous semble "

Il hocha de la tête comme pour se donner lui même raison, essayant de croire à ses paroles, puis continuant d'éplucher les légumes avec sa propre dague il lui fit

" Vous devez être bien affamé pour trouvez l'odeur de l'eau chauffante appétissante... Pourriez vous prendre la viande sur ma belle ? Et préparez en un beau morceau s'il vous plait. "

Puis regardant sa réaction il continua, d'un œil occupé à observer la demoiselle, à couper le peu de légume qu'il avait... Jusqu'à ce qu'il s'entaille un doigt par manque d'attention...

Caprie regardait l'inconnu lui expliquer, que de son nom elle ne devait pas se soucier, celui tentant vaguement de philosopher sur le sujet...

Elle le regarde circonspecte, ne sachant qu'en penser, envisageant bien de l'appeler machin, mais il lui etait sympathique, elle prefera donc se taire.

Un masque ne suffisait donc pas a cacher son identite visiblement...

*"Appelez-moi comme bon vous semble"*

Elle se dit que c'etait un peu long comme patronyme...

"Ce n'est pas bien aise comme identite, que de vous nommer ainsi messire..."

Elle rit de bon coeur de sa betise puis reprend:

"Dans ce cas, je vous appelerai "Mesire l'Enigme", a moins que j'oublie de vous appeler..."

Elle lui sourit devoilant sa dentition parfaite de carnassiere, laissant poindre une lueur d'ironie sur les traits de son visage.

Se taisant un instant pour l'ecouter, elle s'etonne:

"De l'eau dites-vous?
Voila qui est etrange, j'aurais jure avoir senti le fumet du cochon grille, ma faim doit me faire halluciner sans doute, a moins que ce ne soit les marauds qui aient laisse leur empreinte olfactive..."

Obeissante, elle se dirige prestement vers sa bete et cherche le morceau de viande qu'il lui a indique dans une besace, fouillant discretement au passage, a la recherche de quelque indice le concernant, toujours curieuse bien sur, mais aussi toujours mefiante au sujet des inconnus.
Meme si celui avait l'air anime de bonnes intentions a son egard, elle restait toujours sur ses gardes, la confiance n'etait pas son fort, et jouer les jolies ecervelees souvent gage de renseignements glanes.

jetant un coup d'oeil furtif en direction de messire "Enigme", elle sourit en apercevant son regard pose sur elle plutot que sur sa tache.

Ce qui devait arriver arriva, et le messire ne tarda pas a se couper.

Elle range sa dague et s'en retourne pres de lui, viande en main.

"Oh, voila que vous vous etes coupe!
Quel maladroit vous faites, bien un homme tiens!
Donnez moi votre doigt..."

Sans attendre sa reponse, elle eponge le sang qui se repand a son doigt du tissu de sa houpe appuyant sans menagement plus par espieglerie que pour vraiment faire cesser la bien faible hémorragie...

Elle lui rend son doigt lui souriant toujours, maligne...
A genoux sur le sable pres de lui, elle le questionne a nouveau:

"Mais dites moi, messire, que faisiez vous donc ici?
Etes-vous voyageur?
Cen'est pourtant point la route de vraies destinations...
Il n'y a rien par ici qui puisse expliquer ce detour.
Vous vouliez voir la plage peut etre?
Adepte de la baignade?
En ce cas nous nous entendrions, je ne resiste jamais au bonheur d'aller me jeter dans les vagues, c'est tellement bon..."

Elle continue son infernale verbiage intempestif tout autant que leger, jouant a merveille ce role d'idiote qu'elle cultive depuis deja fort longtemps, le nourrissant de sourires faussement ingenus et enjoleurs.

Citation :: Un voile chaud pris ses joues lorsque la Dame s'occupa de son doigt, Il ne supportait pas les contactes physiques et bien heureusement personne ne pouvait le voir sous son masque... et une fois libre de ses mains il se reprit avec une concentration accrue à sa Tâche... Puis déposa le tout dans l'eau frémissante... S'occupant alors de la viande avec dextérité.

Il laissa le silence s'imposer quelques instant... puis reprit :

" Ce que je fais ici ? et bien... je ne sais pas vraiment je suis à moitié perdu... Vous savez ou se trouve la Teste de Buch ? "

Il regarder la carotte qu'il tenait dans ses mains... puis son regard passa à la femme. A l'écouter et à contempler ses manière elle avait l'intelligence d'un légume.

" Vous ne paraissiez pas si sotte il y a quelques instant. Est-ce sot de cultiver la sottise ? peut être pas... peut être ?

Quant à la plage... qu'importe, ce qui fait la beauté n'est pas la plage mais la mer, les vagues déchainés, la tempête frappante, le vent hurlant dans les arbres... Je préfère autant trouver une falaise et m'y assoir à son bord. Connaitriez vous un tel endroit ? "

Caprie devisage l'homme, imaginant bien une mine renfrognee sous le masque qui lui tiend lieu de faciès, et en rit interieurement.

"Vous cherchiez La Teste? Effectivement vous n'etes point sur le bon chemin.
Le village se trouve tres exactement derriere vous, plus a l'interieur des terres.
Il se situe au bord du bassin et non de l'ocean..."

Elle lui sourit

"Je pourrai vous montrer la route a prendre si vous le desirez, je dois moi meme m'y rendre, j'ai quelqu'un a saluer.."

Elle se tait un instant et l'ecoute.
Amusee elle lui repond betement:

"Me traiteriez vous d'idiote messire sans nom?
Voila qui est charmant...
Je suis bien navree de vous decevoir, mais je suis bien obligee de me contenter de ce que la nature m'a donnee.
Si celle-ci a oublie de me remplir la cervelle, je n'y puis grand chose.
Mais enfin elle m'a dotee d'un physique assez agreable, je ne pense pas a m'en plaindre, car la majeure partie du temps voila bien la seule chose qu'un homme demande a une femme, l'esprit leur ferait bien trop peur je crois..."

Elle rit doucement.

"Une falaise dites vous?
Que nenni par ici!
Du sable, uniquement du sable et encore du sable...
C'est bien mieux ainsi, les accidents arrivent si vite parfois..
Mais des tempetes, oui il en a, j'en ai connues il y a fort longtemps maintenant, mais jamais en cette saison.
La region bretonne vous conviendrait mieux, en ces termes de sauvagerie climatique je suppose..."

Elle le regarde, toujours sa carotte en main, se demandant s'il finira par la cuire un jour, car quoi, son ventre crie famine, et elle n'envisage pas de calmer son appetit par d'autres moyens, le rustre a ses cotes ne l'enjoignant guerre a cela...

Citation :: La voyant lorgner sur la carotte il lui tendit et commença à s'en éplucher une...

" Vous voulez peut être que je la coupe ? A moins que croquer ainsi vous préfériez ? "

Il haussa les épaules continuant à s'occuper de celle qu'il mangera, surveillant les légumes sur le feu... y ajoutant la viande préparée et quelques épices.

Il se permit quelques instant de réflexion avant de continuer :

" Et bien non, je ne pense pas que vous soyez une idiote, m'ayant appeler "simple d'esprit" un peu plus tôt, c'est que vous ne vous considérez pas comme tel, sinon pourquoi amener à votre niveau des personnes que vous insulter ? Cela revient à vous insulter vous même non?

Donc non je vous pense moins sottes que vous le laissez paraitre"

Il se tut un instant, croquant dans la carotte épluchée... Puis le regard au loin lui fit

" C'est dommage pour la falaise... une tempête arrive... Le sentez-vous ? Cette électricité dans l'air, cet air lourd et poisseux, ces nuages noir au loin...j'aurai tellement voulu l'admirer...

Terres bretonne dites vous ? n'est ce point un problème car hors du royaumes de France, cela pourrait nous valoir quelques problèmes..."

Il soupira puis piquant un légume le trouva cuit à point, en piquant un autre vérifiant le trouva tout aussi cuit... la viande elle-même délivrant une douce odeur, croquant une nouvelle fois dans la carotte il demanda :

" Auriez vous des ramequins ? Ou des bols ? Des assiettes peut êtres ?"

Citation :: Les voyageurs c'est se qui l'intéressait le plus, souvent absent laissant leur campement sans grande surveillance. Idéale pour un garçon tel que lui désirant se nourrir facilement. Ce campement avait l'air idéale, la dame rentrait tard à chaque fois, il prenait juste le nécessaire pour éviter d'être repéré. Mais ce soir là, Jack avait assisté à une dévastation du campement. Il ne pouvait rien faire du haut de ses 12 ans, même si le courage ne manquait pas chez lui, la force quand à elle venait peu à peu. Donc caché dans les buissons, il avait regardé, observé ces êtres soit disant adulte.

Bientôt, un homme arriva outré par de tel méfait puis la jolie dame, tout cela risquait peut être de degéneré encore.

Je vais rester encore, si jamais la dame a besoin d'aide.

Assis à même le sol, il prêta attention au moindre geste qui pouvait nuire à la jolie. Habitué aux actes violents que les hommes faisaient subir aux femmes, il serait prêt à agir. Serrant fort son couteau dans sa main, il attendit.

"Des bols oui bien sur!"

Caprie se leve en souriant pour quérir ce qu'il lui demande, machouillant sa carotte quand elle se fait percuter violemment a l'epaule par un volatile stupide a l'air galeux de plus.

"Mais l'est malade cet animal ou quoi!!" vocifere t'elle

Elle regarde le volatile se tortiller de facon ridicule a terre et s'enquit du parchemin a la patte de l'oiseau.
Que faire de lui?
Elle se dit que l'achever serait certainement lui rendre service mais n'en a pas le coeur.
Elle le prend doucement dans ses mains et le depose delicatement sur un buisson de genets, qu'il puisse prendre le temps de se remettre de sa collision.
Les animaux, meme idiots, meritent toujours plus d'egards que les humains vaniteux de betise et de bassesse.

Caprie s'eloigne et prend lecture de la missive... Une de plus...
Elle commence sa lecture machinalement, puis le coeur battant, de plus en plus frenetiquement, sa poitrine se serre dangereusement, sautant surement quelques battements.
Caprie devient bleme, livide, son sang la quitte subitement, sa tete tourne, sa respiration de plus en plus difficile.
Elle pense qu'elle va s'effondrer a ce moment..

".../... Je vous embrasse bien tendrement.
Vatyas."

Il part ?
Mais enfin pourquoi ???

Certes elle n'etait pas aller jusqu'a envisager le mariage ou meme la vie commune, mais tout de meme...
Maintenant?
Si vite?

Caprie est perdue, elle ne comprend pas, elle ne comprend plus, elle a mal, si mal...
Elle se sent morte, simplement morte, elle se rend bien compte maintenant que sans lui plus rien n'existe, que sans lui plus rien n'a d'importance a ses yeux, elle se rend bien compte que les sentiments qu'elle lui porte sont bien plus vifs et profond qu'elle ne l'avait pense.
Elle comprend aussi qu'il vient par quelques mots de l'aneantir, elle se sent brisee.

Irrémédiablement, elle repense au seigneur Durkain.
Elle se rappel cette douleur, cette souffrance, elle a bien cru ne jamais s'en remettre, il a fait d'elle ce qu'elle est aux yeux du monde aujourd'hui:
Un etre froid et sans coeur.
Et pourtant...

Son coeur est toujours a sa place visiblement puisqu'on le pietine a nouveau sans egards...

Meme lieu, meme chatiment?
Est-ce donc cela que l'on appelle le destin?
Pourquoi est-elle venue ici?
Elle ne le sait toujours pas vraiment en fait.
Elle s'etait juree de ne jamais remettre les pieds dans ce village maudit. Elle s'est parjuree, elle paye le prix fort.

Transie par douleur, elle trouve a peine la force de maugréer un "Je vous prie de m'excuser" au voyageur inconnu, s'empare machinalement de sa besace et part en courant en direction de la dune et de la plage laissant tomber le parchemin maudit s'en y preter attention.

Caprie s'enfuit tout bonnement, la solitude, voila ce dont elle a le plus besoin, pouvoir souffrir en paix.
Le visage inonde de larmes ameres, elle devale le sable comme une perdue jusqu'a se jeter au sol, a genoux prosternee par le chagrin.
Combien de temps reste t'elle ainsi?
Impossible a dire...
Des heures?
Quelques secondes ?
Quelle importance.

Caprie sent qu'elle va chavirer, qu'elle n'aura nullement la force.
Dans sa detresse le soutient qu'elle pense a demander est celui de sa soeur, il faut qu'elle vienne, sans elle a ses cotes elle n'a aucune chance.
D'un geste machinal, elle griffone sur un bout de parchemin:

"Maryan,
Je t'en prie, viens.
J'ai besoin de toi.
Caprie."

Inutile d'en dire plus elle se connaissent bien trop pour cela.
Caprie siffle en tendant le bras afin d'appeler Dague, leur corbeau commun, obeissant et fidele.
Lui au moins etait toujours present...

Un autre parchemin?
Pour dire quoi?
Elle n'en a aucune idee, elle sait seulement qu'il faut par un moyen ou un autre qu'elle se libere de cette angoisse qui l'etreint, de ces sentiments contradictoires qui la detruisent a petit feu.
D'une ecriture machinale, ireflechie, elle s'epanche...

Citation :: Mon tres cher Vatyas,

Vous qui avez fait de ma vie un comte de fee,
Je refuse de vous quitter, je vous ordonne de rester.
Vous voulez me retirer votre amour, apres me l'avoir si tendrement donné,
Comme si vous repreniez un jouet apres l'avoir prete!
Vous m'en demandiez un peu chaque jour et voila que maintenant vous le laissez s'envoler...

J'ai lu en vous la promesse d'etre un jour heureuse,
De secher mes larmes lorsque vous blesseriez mon coeur,
J'ai lu dans vos yeux la promesse d'un hypothetique bonheur,
Et j'y ai cru, insouciante et peureuse.

Je vous ai confie mon ame dans le plus beau des secrets,
Je vous ai offert mon coeur, peut etre pour l'eternite,
Et je vous ai offert mon corps en gage de sincerite.
Et vous, vous songez a present a m'eloigner!

Si je vous disais "Je vous aime", vous me repondriez "Menteuse",
Alors je me tournerais pendant que mes larmes coulent.
Vous oubliez mon existence alors que je suis malheureuse,
Et lorsque vous vous eloignerez, ce sera mon sang qui coulera...

Si ce sentiment avait une chance encore
Ne partez pas!
Si ce sentiment avait une chance encore
Ne m'oubliez pas!
Si ce sentiment avait une chance encore
Croyez en moi...

Mon Dieu,
Je vous demande pour la premiere fois de m'ecouter
je vous demande pour la premiere fois de m'exaucer
De m'aider a reparer ce coeur qui est en train de se fourvoyer...
Je vous en supplie, ne le laissez pas m'abandonner
Rappelez-lui ce que je lui ai donne, et ce que je peux encore lui apporter

Donnez lui un nouveau coeur sans effacer sa memoire
Rappelez lui chaque detail de notre histoire
Rendez-lui la passion et le desir
La femme qu'il a aime, je veux seulement redevenir...

Amoureusement

Caprie

Elle jette un oeil au parchemin, inonde de larmes, deforme, gondole.
Elle jette un oeil au parchemin, noircit de mots de trop t'intimite, noircit de sentiments qu'elle ne veut avouer...
Non descement elle ne peut l'envoyer...

Caprie reste prostree a regarder l'immensite de l'ocean, se noyant de sa peine, suffocant de sa douleur, mourant paisiblement de son amour inconditionnel pour lui.

Elle angoisse, elle etouffe, cette sensation d'agonie... Il faut que ca cesse!!!

D'un geste energique et motive, elle defait et ote tous ces vetements et se jette a corps perdu dans les vagues.
Son plus grand pecher, se faire chahuter par la puissance de l'ocean, une des rares choses qui lui procure un reel plaisir en se bas monde, et qui aujourd'hui lui fouette le sang, certes, mais laisse encore son ame meurtrie.

Caprie ne pense qu'a se fatiguer, qu'a s'exténuer pour enfin dormir, cesser de penser, cesser d'eprouver, cesser de se torturer...

Elle avance bravant les rouleaux, plonge pour eviter les plus mechants et finalement depasse la barre, se mouvant dans une mer presque calme, la houle legere ne reussissant a la dechainer reellement.

Elle se prelasse dans l'element, nage encore au loin puis s'arrete, nage encore, sans fin sans se soucier nullement des courants et baines.

Son esprit est ailleurs, son ame est en berne, tout lui est egal...

Elle s'epuise inexorablement, essoufflee de tant d'efforts, elle se tourne en direction du rivage, bien loin...

Elle prend conscience de sa folie et fait demi tour.
Mais bientot a bout de force, obligee de stopper son ascension.

Elle s'y prend a plusieures reprises, prenant le temps de recuperer quelque peu, mais elle nage a contre courant, le chemin qu'elle a parcouru est bien derisoire a contrario de ce qu'il lui reste a arpenter.

Tetue elle continuera a s'echiner inlassablement mais bien qu'excellente nageuses le peu d'energie qui lui reste l'abandonne inexorablement.

Elle tente maintenant de surnager tant bien que mal, mais commence a se resigner, a quoi bon...
Si c'est ainsi que cela doit etre, pourquoi pas... Ce n'est peut etre pas pire finalement.

Caprie a son habitude si battante baisse aujourd'hui les bras.
Elle est epuisee tant physiquement que moralement, et surtout elle n'a plus envie...
Plus envie de tout ca, plus envie d'endurer, plus envie de souffrir a en crever...

Resignee, en paix, elle ne reflechit plus et laisse son corps couler, sombrer doucement dans l'element liquide, elle attend seulement la fin, la liberation enfin...

Sa vue se brouille, elle suffoque sans panique, bientot le noir se fait... Enfin..

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